Poétique du Vendredi LA CONSCIENCE DE L’AIGLE

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Poétique du Vendredi

LA CONSCIENCE DE L’AIGLE

L’air profondément inspiré, le cœur allégé du poids des pensées, le cri perçant jeté au-devant de lui que reprennent l’espace infini des cieux et l’écho des montagnes, l’oiseau royal un dernier coup d’œil sur l’horizon, étend ses ailes et s’élance majestueux.

Le ciel est si pur. Un soleil ardent luit sur toute la création. Aucun ombrage n’est plus grand et plus dense que la vaste couverture grise qui glisse sur tout ce que contemple dans son vol le Maitre des Airs.

Sur terre, par-dessous et par-dessus le sol brûlant, les termites, les vers, les fourmis et les insectes, les reptiles, les rongeurs et les chevreuils, les gnous, les buffles et les girafes, les lions et plus frêles, les guépards, les léopards, et à côté les gazelles et les biches, tout ce qui se meut ou saute, vit et courre à une tâche.

Dans les eaux, les lacs et les ruisseaux, les fleuves et leurs bras qui donnent sur les mers, les petits et gros poissons avec tout ce qui vit sous l’eau se réjouit de cette chaleur qui rend tiède l’eau et fait se réjouir ceux qui rêvaient d’un bon bain entre fraicheur et chaleur.

L’Oiseau tournoyant dans le ciel regarde et contemple. De longues heures durant, il va passant sur tant de plaines, de vallées, d’étendues d’eau, de champs semés, de prairies et de routes.

Dans sa poitrine, au milieu de cette cage de muscles bandés par chaque mouvement de ses puissantes ailes, son cœur exulte. Un chant à l’origine lointaine, du temps de son enfance où les rêves vrais étaient contés lui revient.

Amour ! Je suis un chant silencieux qui brûle dans ton cœur.

Amour ! Je suis l’appel d’une voix d’enfant qui joue avec ses frères

Une voix d’enfant qui joue parce que rire avec son frère est plus beau que tout.

….

Le regard humide, l’Oiseau majestueux aurait tout donné pour transporter ses frères et ses sœurs vers cette hauteur du ciel où il regarde la beauté du spectacle glorieux.

Un tel regard change les choses dans un cœur. Il le sait. C’est pourquoi il aime tant s’élever pour voir de près le soleil et aimer sa splendeur. Les nuages alors eux aussi n’ont plus rien de menaçant. De là, il voit bien que le paysage donne un spectacle enchantant comme sur un pagne des mères, les motifs racontent une histoire de grande valeur.

L’Oiseau majestueux donnerait tant pour que, étant sous terre et sur terre, étant dans l’eau et sur l’arbre chacun de ses frères et chacune de ses sœurs voit comme se laisse voir tout le pays depuis le ciel sous un seul regard.

Une deuxième fois, l’air profondément inspiré, l’Oiseau géant, murmure les mots de gratitude au nom de tous.

Infinie est la grâce qui donne la Vie sans mérite aucun aux êtres de chair, de sang et de conscience !

Infinie est la grâce qui donne un héritage aux fils et filles pour honorer de leur sagesse la joie d’avoir connu la respiration et l’intelligence de faire des richesses un chemin vers les sommets.

Infinie est la grâce qui donne une descendance pour la fierté des pères et des mères d’élever leur cœur à une noblesse de rang parmi leurs frères et sœurs de partout à travers la Grande Maison de la Terre.

Infinie est la grâce ! Infinie est la grâce ! Infinie est la grâce ! Car le lion est dans la biche. La gazelle est dans le chevreuil. L’aigle est dans le poisson. La termite est dans le gnou et dans la girafe. Car ouvrir les yeux, c’est recommencer à voir !  Car parler, c’est aimer avant tout ! Car agir, c’est cultiver un champ de promesses véritables ! Car être, c’est vivre plus !

L’Aigle, le cœur rempli de cette joie de l’avenir, a tournoyé encore, imitant le disque du soleil, le cercle de la calebasse récipient de l’eau simple et pure. Et le dessin dans le sol a été imité par les enfants, devenus plus loin les Maitres qui ont partagé la sagesse de l’Aigle à travers la Terre, elle aussi toute entière si désireuse de s’aimer.

Akpédjé Yao JOHNSON

 

 

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